«Efficace, discret, pieux, honnête, bourreau de travail» : Abdellatif Hammouchi, dix ans aux commandes d’un appareil sécuritaire redessiné
NaBae24
Il incarne, en silence, l’architecture sécuritaire d’un royaume souvent cité en exemple pour son efficacité antiterroriste. À 59 ans, Abdellatif Hammouchi cumule depuis une décennie les fonctions stratégiques de directeur général de la sûreté nationale (DGSN) et de chef du renseignement intérieur (DGST), concentrant entre ses mains, de manière brillante, les leviers opérationnels les plus sensibles de l’État.
Natif de Taza, diplômé en droit de l’université de Fès, Abdellatif Hammouchi a imposé une méthode rigoureuse, fondée sur la discrétion, l’efficacité et un rapport direct au terrain. Jeune Afrique le décrit comme un haut fonctionnaire pieux, honnête et infatigable, qui n’a jamais accordé d’interview et dont les rares apparitions publiques déclenchent pourtant un engouement populaire, jusqu’aux amateurs de selfies.
Un maître d’œuvre réformateur, discret mais central
Sous sa direction, la DGSN, forte aujourd’hui de 85 000 agents, a connu une mutation profonde : moralisation, professionnalisation, recours accru aux nouvelles technologies, réorganisation des services, et introduction d’une culture de communication, rompant avec l’héritage des années Basri. La DGST, avec ses 11 000 agents, a quant à elle poursuivi sa spécialisation dans la veille antiterroriste et la lutte contre les menaces transnationales.
Les résultats ne se sont pas fait attendre. Les démantèlements de cellules extrémistes se succèdent, et les coups de filet contre la criminalité organisée se multiplient. La dernière opération en date, dans la région d’Agadir du 11 au 14 avril, a conduit à l’arrestation de près de 5 000 personnes.
Un partenaire international prisé dans la lutte antiterroriste
La stature d’Abdellatif Hammouchi dépasse largement les frontières marocaines. Son expertise, notamment en matière de réseaux islamistes, est sollicitée par les services européens, américains, russes ou émiratis, affirme la même source. De la traque des auteurs des attentats de Paris en 2015 à la sécurisation de la Coupe du monde au Qatar ou des Jeux olympiques de Paris (2024), il s’est imposé comme une figure de référence au sein de la communauté internationale du renseignement.
Il accueillera d’ailleurs à Marrakech, en novembre prochain, l’assemblée générale d’Interpol, confirmant son rôle central dans les échanges sécuritaires mondiaux. Homme de confiance du roi Mohammed VI, il entretient une coordination régulière avec les autres responsables sécuritaires du pays – renseignement extérieur, armée, ministère de l’intérieur.
L’un de ses chantiers emblématiques reste le futur siège de la DGSN, en cours d’achèvement à Hay Riad, à Rabat : un complexe de vingt hectares, au coût estimé à 500 millions de dirhams. Une citadelle à l’image de sa méthode : rationnelle, silencieuse, totale.
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