***La sécurité, l’argument fort (et inattendu) de Marrakech pour attirer les touristes*
Outre ses attraits architecturaux et culturels, la ville investit dans le domaine de la sécurité, en formant des unités qualifiées et en utilisant du matériel de pointe.
*Jassim Ahdani*
« Marrakech est-elle sûre ? », s’interrogent de nombreux visiteurs. Réponse : oui. Marrakech est une ville paisible, où l’on se promène en toute quiétude. En plus d’une tradition séculaire d’hospitalité, ses habitants sont habitués depuis des décennies à voir défiler des touristes du monde entier.
Jadis capitale d’un empire qui s’étendait sur deux continents, elle n’est plus, selon le recensement de 2024, que la quatrième ville la plus peuplée du Maroc après Casablanca, Tanger et Fès – raison pour laquelle elle n’apparaît pas dans notre classement des villes les plus attractives d’Afrique.
Fondée en 1062, la Cité ocre reste cependant la première destination touristique du royaume. Elle le doit à l’attrait que représentent médina, souks, monuments historiques, palmeraie, ville moderne, restaurants haut de gamme, boîtes de nuit et centres de loisirs. Sans oublier l’arrière-pays montagneux, tout aussi envoûtant.
*Police touristique*
Conscients de l’importance du sujet dans une ville qui vit avant tout du tourisme (9 millions de nuitées en 2023), secteur vital pour l’économie nationale, les pouvoirs publics ont fait de la sécurité et de la lutte contre la criminalité une priorité. Prévention, anticipation, proximité, suivi et amélioration constante des moyens d’intervention sont à la clé du succès.
La Police touristique est active à Marrakech depuis janvier 1998. Elle a été la première du genre. Aujourd’hui, 14 unités du même type sont déployées sur l’ensemble du territoire national. Au-delà de son dispositif conventionnel, cette brigade spécialisée assure la sécurité des touristes et de leurs biens. Elle patrouille sans relâche sur les espaces et les sites à forte affluence. Son premier objectif est de parer à toutes formes de désagréments qui pourraient affecter les visiteurs, ou de délits susceptibles de nuire à l’image du royaume.
Ses éléments bénéficient d’une formation spécifique à l’Institut royal de police. Dotés de réels moyens logistiques, ils collaborent avec différentes entités : collectivités locales, délégations du tourisme, services de santé, etc. La Police touristique de Marrakech s’efforce aussi d’établir des relations avec les professionnels du tourisme, afin de renforcer l’efficacité de sa mission.
*De la vidéosurveillance à la Brigade antigang*
Sur place, d’autres chaînes de commandement assurent la sécurité des touristes, en particulier l’Unité mobile de police de secours, les services de la Sûreté nationale de la wilaya [préfecture] de police, le dispositif antiterroriste Hadar (« vigilance », en arabe, qui intègre les Forces armées royales, la Gendarmerie royale, la Police et les Forces auxiliaires), et, bien sûr, la Brigade nationale de Police judiciaire (BNPJ) et les Renseignements généraux (RG).
Dans une interview accordée, en janvier 2022, au quotidien Assabah, Saïd El Aloua, le préfet de police de Marrakech-Safi, a expliqué que « l’anticipation [était] le maître-mot », avant de divulguer quelques statistiques clés. En 2021, année de reprise du tourisme après les mois d’asthénie liée à la pandémie de Covid-19, « la police a traité plus de 71 000 affaires à caractère pénal ou délictuel », a-t-il révélé, ajoutant que le taux de répression des crimes s’élevait à 92 %.
Sur le terrain, 32 véhicules de police ainsi qu’un nombre important de brigades motocyclistes sont mobilisés 24h/24. Ce qui, affirme le préfet, « ramène le temps de réponse des éléments de police à parfois deux minutes ».
La ville est également dotée d’un centre de vidéosurveillance et de contrôle dernier cri. À sa tête, un officier à l’expérience reconnue : le commandant de paix principal Khalid Rafik. L’expansion de nouveaux pôles urbains rend le renforcement des structures de la police de proximité indispensable. Un 24e arrondissement de police, qui relève de la préfecture de Marrakech, a donc été créé en 2023.
Une brigade régionale de lutte contre la criminalité et les bandes organisées, la Brigade antigang (BAG), a également vu le jour, en juin 2021, dans une vingtaine de villes – Marrakech en tête –, afin de garantir une plus grande tranquillité d’esprit aux habitants comme aux visiteurs.
Affiliée à la BNPJ, cette unité, que dirige le général de brigade Mohamed Fakhri, a fait du siège de la Wilaya son quartier général. Ses dizaines de personnels, triés sur le volet et spécialisés en matière d’enquête criminelle, font des rotations afin d’assurer la continuité du service 7 jours sur 7. En étroite collaboration avec la Brigade de renseignement criminel et d’appui technique de la BNPJ, la BAG soutient les autres forces déployées sur le terrain, en s’appuyant sur des équipements de pointe.
*Vitrine du royaume marocain*
Résultat, le taux de criminalité violente est relativement faible. Les auteurs de délits mineurs, tels que le vol à la tire, qui peuvent sévir dans les zones très fréquentées, sont en général rapidement appréhendés.
Les touristes peuvent également se retrouver confrontés à de faux guides. Pour repérer ces « indésirables », il suffit de savoir que les guides assermentés travaillent avec des agences de voyage suivant un programme fixé à l’avance. Ils ne déambulent pas à la recherche de « clients » autour des axes les plus passants.
Selon une étude de Tourlane, publiée le 1er mars 2023, Marrakech fait partie des 50 villes les plus sûres au monde pour les voyageuses en solo. Les critères retenus par ce spécialiste allemand des voyages sur-mesure incluent la représentation des femmes dans les entreprises et la vie politique locales, la législation, la sécurité des femmes qui se promènent seules la nuit, le prix de base d’une nuitée à l’hôtel ou encore le coût moyen d’un forfait de données mobiles.
Enfin, Marrakech, véritable vitrine du royaume, accueille de grands événements internationaux, tous domaines confondus. Comme la 93e session de l’assemblée générale d’Interpol, qui, au dernier trimestre de 2025, réunira entre 1 500 et 2 000 chefs de délégations venues de 196 pays.
