*Abdellatif Hammouchi : patron des renseignements et VRP du royaume sur les questions de sécurité*
*JEUNE AFRIQUE*
*PAR : Fadwa Islah*
*Publié le 25 septembre 2024*
Dans un contexte de tensions majeures au Moyen-Orient, le patron de la police et des renseignements marocains vient d’effectuer deux visites de travail en Turquie, puis aux Émirats arabes unis. Au menu : accords sécuritaires, formation, intelligence artificielle, anti-terrorisme…
La coopération sécuritaire entre le Maroc et les Émirats arabes unis remonte à bien longtemps, au moment de la création de cet État du Golfe, soutenu par le défunt roi Hassan II, qui ne lésinait pas sur les moyens pour assister les Al Nahyane dans l’organisation de leur appareil sécuritaire. Beaucoup de hauts gradés du royaume, comme l’ancien patron des renseignements marocains, le général Hamidou Laânigri, sont passés par les Émirats. Que ce soit au service d’ordre des princes émiratis ou dans les institutions de renseignement, ce partenariat ne cesse depuis de se renouveler, et prend à chaque époque une nouvelle dimension imprégnée des enjeux du moment.
*Gestion des risques terroristes*
Or, le contexte est évidemment particulièrement tendu actuellement, alors que la guerre entre Israël et le Hamas dure depuis presque un an et menace plus que jamais de se propager au Liban. Si ce sujet n’était pas officiellement au programme de la visite de travail que le patron des services de police et de renseignement du royaume a effectuée en Turquie juste avant de se rendre à Abou Dhabi, du 19 au 21 septembre, Abdellatif Hammouchi, et ses interlocuteurs l’avaient forcément en tête durant leurs échanges.
Venu à Ankara pour participer, entre autres, au Salon international des équipements de sécurité intérieure, Abdellatif Hammouchi a pu, assurent les organisateurs, y découvrir les toutes dernières innovations en matière de sécurité. Plus stratégique sans doute, le responsable des services marocains s’est aussi entretenu avec le vice-ministre turc de l’Intérieur, Munir Karaloglu, et le directeur général des renseignements, Selami Yildiz pour parler de gestion des risques terroristes et des menaces que fait peser sur chacun de leurs pays la criminalité transnationale organisée. Après avoir échangé sur ce qu’elles ont appelé des « enjeux sécuritaires communs » et étudié les moyens nécessaires pour « neutraliser les menaces partagées », les deux parties ont réaffirmé leur volonté de coopérer plus étroitement en matière de sécurité.
Deux jours après Ankara, Abdellatif Hammouchi est arrivé à Abou Dhabi, là encore pour une visite de travail sur les sujets liés à la sécurité. Le contexte, toutefois, était forcément différent, le Maroc et les Émirats entretenant depuis longtemps des relations d’amitié et de proximité particulières. On se souvient d’ailleurs qu’il y a moins d’un an, en décembre 2023, Mohammed VI effectuait une grande visite d’État aux Émirats, qui avait débouché sur la signature de nombreux accords dans les domaines économiques, financiers et des investissements, mais aussi sécuritaire.
*« Préparer les défis de demain »*
La visite du patron des renseignements marocains débutée le 23 septembre vise donc à sceller ce nouveau virage dans la coopération entre les deux pays. Dès son arrivée à Abou Dhabi, Abdellatif Hammouchi et ses homologues émiratis ont vite donné le ton, avec la signature d’un mémorandum d’entente entre la DGSN marocaine, représentée par l’Institut Royal de police, et le Commandement général de la police d’Abou Dhabi, représenté par l’Académie Saif Bin Zayed pour les Sciences de la police et de la sécurité. Cet accord, qualifié d’événement majeur par les deux parties, ouvre la voie à une coopération accrue entre les deux institutions, notamment par la mise en place de programmes conjoints de formation et de stages dans les domaines de la police scientifique, de la sécurité et des sciences juridiques.
« L’objectif est clair : échanger des expertises pratiques et tirer parti des capacités respectives des deux pays pour renforcer la formation des cadres sécuritaires et les préparer aux défis de demain », souligne Boubker Sabik, porte-parole de la DGSN-DGST, dans une déclaration à l’agence officielle MAP, précisant au passage que ce mémorandum vise également à renforcer la coordination dans les études supérieures en sciences policières, consolidant ainsi les bases pour une nouvelle génération de policiers hautement qualifiés.
Au-delà de la signature de cet accord bilatéral, la visite d’Abdellatif Hammouchi a été marquée ce premier jour par des rencontres avec des hauts responsables émiratis, notamment le commandant en chef de la police d’Abou Dhabi, le général Faris Khalaf Al Mazrouei. Les discussions ont porté sur l’expansion de la coopération sécuritaire, avec un accent particulier sur l’intelligence artificielle et les technologies de pointe appliquées à la gestion de la sécurité.
*Enjeux régionaux et internationaux*
Abdellatif Hammouchi a profité de sa présence aux Émirats pour visiter les installations ultramodernes de la « Safe City », un projet phare de la police d’Abou Dhabi qui utilise l’intelligence artificielle pour améliorer la sécurité routière et renforcer l’ordre public. De quoi inspirer le patron de la police marocaine dans son projet de modernisation de ses services, à la veille de grands événements continentaux et mondiaux que le Royaume se prépare à organiser, comme la CAN 2025 ou encore le Mondial 2030.
Aux côtés de ces enjeux nationaux, des échanges d’expertise, de technologies, la visite de Hammouchi aux Émirats vient également répondre aux enjeux régionaux et mondiaux auxquels font face le Maroc et les EAU. Elle s’inscrit en effet dans un contexte de montée des défis sécuritaires régionaux multiples, liés notamment à la guerre que mène Israël à Gaza et au Liban.
Avec sa casquette de Monsieur renseignement du Royaume, le chef de la DGSN-DGST a ainsi rencontré Ali Obaid Al Dhaheri, chef des Services de renseignement émiratis. Les deux responsables ont échangé sur la situation sécuritaire régionale et internationale, avec un accent particulier sur la lutte contre le terrorisme et les menaces émergentes. Un domaine où les services des deux pays se sont forgés à travers le temps une forte réputation.
Une rencontre avec le président d’Interpol, Ahmed Nasser Al Risi, a été également à l’ordre du jour, avec l’objectif de discuter des menaces mondiales croissantes. « Le Maroc est un acteur clé dans la sécurité internationale, et notre coopération avec les Émirats s’inscrit dans cette dynamique multilatérale », a déclaré Al Risi à l’issue de la rencontre avec le patron de la DGSN et de la DGST.